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« Un véritable drame s’est produit dans notre petite ville. Colette se trouve présentement sur les lieux, Colette l’antenne est à vous. » « Merci, George. Je me trouve devant le domicile des Alcott où les parents de Gabriel Alcott ont retrouvé le corps sans vie de leur fils. Le jeune homme connu de beaucoup d’entre nous a perdu la vie hier soir. Nous n’avons aucune information à ce propos, ce qui s’est passé reste un mystère. J’ai essayé d’obtenir plus de renseignements,mais personne ne semble prêt à révéler ces informations. Je peux vous dire cependant, que les officiers n’ont jamais vu une scène aussi macabre… » Dans un soupir, la journaliste affiche cet air tragique, laisse le chagrin malmener ses traits avant d’inspirer pour continuer sa tirade. « Jamais notre ville n’a connu une fin aussi terrible. Nous ignorons si cela était prémédité ou accidentel, peut-être que le jeune Gabriel a… » Les mots se bloquent à ses lèvres, difficile de parler avec détachement lorsqu’on connaît la personne. Colette le ressent à cet instant, alors qu’elle inspire pour se donner la force de reprendre. « Je vais tenter une approche, essayer d’obtenir quelques images. » C’est grossier, irrespectueux même, mais la jeune femme n’a jamais eu froid aux yeux, si elle est journaliste ce n’est pas pour gratter des infos médiocres pendant la foire aux bétails. Suivie de son cameraman, elle franchit la barrière de ruban jaune, passe par le côté de la maison où la vigilance est moins accrue. « Vous devriez voir quelques images sous peu dans les studios… » Qu’on entend sans vraiment distinguer Colette si ce n’est ses cheveux clairs qui ondulent devant l’objectif. Des planches de bois, de la verdure, des images bien trop vite pour en percevoir les formes. Le cameraman glisse la caméra vers une fenêtre, on y décèle une toile sanglante. « Oh Seigneur ! Phil coupe la caméra ! COUPE ! » se précipite de dire la journaliste en découvrant la scène, braquant sa main sur l’objectif brouillant ainsi la diffusion d’un théâtre macabre sur la chaîne locale.De retour au petit studio de Cloudcroft où Colette travaille, celle-ci se retrouve à faire les cents pas dans sa loge, grugeant l’ongle de son pouce. Elle tient le reportage d’une carrière entre les mains qui contrebalance avec le regard vide d’un jeune qu’elle a gardé étant gamin. Le déchirement se lit dans les plis de réflexions qui marquent son front. Qui a pu s’en prendre à ce jeune homme prometteur ? « Informations de dernière heure… » La musique du téléjournal résonne à l’écran du téléviseur qui se trouve dans sa loge. « Canular ou images réelles ? S’agit-il bien de Gabriel Alcott que nous voyons sur cette vidéo qui vient d’apparaître sur les réseaux sociaux ? À peine quelques minutes déjà et celle-ci compte plus de dix milles vues. Il est encore trop tôt pour confirmer si ceci n’est pas seulement un canular, mais nous l’espérons ! » Ses opales fixant les images diffusées sans la moindre pudeur révulsent Colette, elle n’a pas besoin de regarder jusqu’à la fin pour savoir que ce n’est pas un canular. La vidéo n’a même pas fini d’être diffusée qu’elle s’écrie en quittant la loge d’arrêter tout ceci. Elle crie dans les couloirs, laissant collègues et amis pantois. Ses talons claquent, on l’entend arriver, mais le mal est déjà fait, les sanglots d’une jeune fille brisent la barrière du doute. Elle implore la clémence pour son ami, mais l’agonie envahit leur esprit. Dring dring … « On me dit que quelqu’un aurait des informations à nous communiquer. Oui, monsieur… Que savez vous de cette vidéo ? » … le silence. … « Il n’était que le premier. » biiiiiiiip |